viernes, 10 de febrero de 2017

Ailes en coton, par Vainica Doble



Astre rutilant du grand écran
play-boy de plage cynique et fascinant
champion olympique aux dix médailles
habile politicien s'il en fut
mâle magniqfique
vainqueur mythique dans mille batailles
tel était Juan dans son imagination
qui lui faisait oublier sa condition
pour échapper et décoller de son recoin.

Décoller de son recoin
pour pouvoir voler, voler, voler,
triompher, briller.

Sordide recoin d'une conciergerie
où jamais n'arrive le soleil, où jamais il ne fait jour
triste chambre humide et sombre
sans ventilation
un brasier à charbon sous la table
pour tout chauffage
ainsi vivait Juan avec son imagination
qui lui faisait oublier sa condition
pour échapper et décoller de son recoin.

Décoller de son recoin
pour pouvoir voler, voler, voler,
triompher, briller.

Sordide recoin d'une conciergerie
choeurs plaintifs de voisines bornées
rejoignant le son d'un transistor crachotant
"Marie, tout simplement"
puissante fantaisie celle de Juan
qui malgré tout arrivait à entendre la mer
dans un coquillage de paillettes peint
et à voler en suivant la procession d'hirondelles
collées au mur vert véronais
sous le regard divin du sacré coeur
sous le regard souffrant
des âmes du purgatoire
sous le regard anodin
de ses parents à leur mariage
lui assis les sourcils froncés
elle débout derrière son mari
maître et seigneur
se contemplant lui-même
habillé en angelot
les ailes en coton
le jour de sa première communion
quand il croyait encore qu'il serait
comme le Baron Rouge
un héros de l'aviation
avant de sauter par la fenêtre et en sortir boiteux...

voler, voler, voler.